Les Auteurs du Cercle Littéraire de l'Escarboucle Bleue


 

DISGRESSIONS MARITIMES

autour

DES PLANS DU BRUCE-PARTINGTON

  

 

PAR JEAN-PAUL CABOT

 

 

INTRODUCTION DE L'AUTEUR

 Précédant nos régulières réunions en région toulousaine de notre succursale de la Société Sherlock Holmes de France, je tournai et retournai dans ma tête quel récit pourrait encadrer cette aventure des plans du Bruce-Partington du mois de novembre 1895.

Plusieurs pistes de récit se faisaient jour dans ma tête. La meilleure des constructions mettait en scène un personnage nommé Sherlock Holmes qui soudoyait d'honnêtes anglais du Ministère de la Marine pour mettre la main sur les fameux plans. Et à la fin du récit son commanditaire étranger apprenait avec stupeur l'arrestation de son illustre correspondant dans le fumoir du Charing Cross Hotel à Londres par le véritable Sherlock Holmes. Il avait été abusé par le rusé Hugo Oberstein, véritable usurpateur d'identité.

Mais je craignis bien vite que mes lecteurs aient du mal à digérer cette inconvenante transformation de notre héros en espion à la solde de l'étranger, fut-elle une simple usurpation.

Sherlock Holmes et ses fervents lecteurs n'auraient mérité en aucun cas d'être salis par le simple trouble qu'aurait engendré ce récit.

Pris par le temps et absorbé par l'écriture annexe d'un dossier sur le plaisir de lire au cycle des approfondissements, je me résolus alors à m'investir dans la mise en croquis des principaux moments du récit de Conan Doyle. Mais la forte influence Pagétaine que je ressentis dans mes premières ébauches mentales de mise en page me découragèrent définitivement de ce projet.

C'est sur cette déconvenue que je réussis à proposer à mes élèves l'audition en français et en anglais d'une page de ce récit, tournant autour de la savoureuse et tonique remarque de Sherlock :

"Why had he no ticket ?" et le tonitruant : "To act ! Sherlock ! To act !" de Mycroft. Leur plaisir devant mes vociférations dramatiques me réconcilia avec ce turbulent récit.

Je profitai d'un court séjour en bord de mer pour me replonger dans la relecture de cette nouvelle du Canon. Dès la deuxième page, le déclic eut enfin lieu :

Toute la saveur de ce texte, j'allais la sublimer dans la retranscription fidèle des propos de Holmes lui-même. Je m'abstins de relever les paroles trop proches du contexte de l'aventure. Je vous laisse juger du résultat dans cette première partie.

Avant de refermer ce dossier, je compulsai mes souvenirs littéraires. Ce qui me permis de rassembler en deuxième partie la bibliographie de tous les écrits que cette nouvelle de Conan Doyle a pu générer dans les années passées et futures.

"Que celui qui n'a jamais relu me jette la première pierre..."

 

 

1ère partie

LES CITATIONS DE MONSIEUR SHERLOCK HOLMES

(extraites de l'épisode des plans du Bruce-Partington)

 

Le criminel londonien est vraiment un type à l'esprit obtus ! ... Considérez comme les silhouettes émergent à peine de ce brouillard ! Un voleur ou un assassin, par un jour pareil, pourrait rôder dans Londres comme un tigre dans la jungle, et choisir sa proie sans être vu, jusqu'à ce qu'il lui saute dessus.

La société a bien de la chance que je ne sois pas un criminel. ... Supposez que je sois Brook ou Woodhouse ou n'importe le quel des cinquante hommes qui ont des solides raisons de m'en vouloir à mort; combien de temps pourrai-je échapper à mes propres coups ? Une convocation truquée, un faux rendez-vous et c'es serait fini. Il est heureux que les pays latins, pays où l'on assassine volontiers, ne connaissent pas le brouillard !

Mycroft est annoncé :

... C'est le jour des miracles !

... C'est comme si vous rencontriez un tramway sur un sentier de campagne.

... C'est comme si une planète quittait son orbite.

... il est le gouvernement britannique.

... il n'aura pas de successeur. Il possède le cerveau le plus ordonné et le plus méthodique qui existe, ainsi qu'une faculté incomparable pour enregistrer les faits.

... c'est Jupiter qui descend de son Olympe.

Une mort qui a incité mon frère a modifier ses habitudes n'est sûrement pas une mort ordinaire.

Exposé des faits.

Je joue le jeu uniquement pour l'amour du jeu.

Sur les lieux ...

Une lueur dans les ténèbres, mais elle peut s'éteindre.

Il y a de la matière. Il y a un champ d'action. J'ai été vraiment stupide de n'avoir pas entrevu tout de suite les possibilités de l'affaire.

... je n'entrevois pas tout, mais je suis une piste qui peut nous mener loin.

... Chaque élément est évocateur par lui-même, je crois ? Reliés ensemble, ils prennent une force très suggestive.

Abandonnons cette question à l'avenir, qui se chargera d'y répondre.

Il y a des objections majeures. Mais c'est une affaire formidable à débrouiller.

Dans cette affaire, chaque investigation révèle quelque chose d'inexplicable.

Je ne me rappelle pas avoir rencontré une affaire aussi difficile. Chaque fois que nous avançons d'un pas, c'est pour nous retrouver devant un nouveau mur. Et pourtant nous avons progressé de façon appréciable.

Je crains que toute la cavalerie et toute l'infanterie de la Reine ne me soient d'aucun secours dans l'affaire.

... les choses prennent une tournure plus favorable. ... Je crois honnêtement que nous allons débrouiller l'écheveau...

Je ne ferai rien de sérieux sans mon bon camarade et cher biographe. ... Si le temps vous paraît long, prenez du papier et une plume, et commencez à raconter comment nous avons sauvé l'Etat.

Nous sommes obligés d'en revenir au vieil axiome selon lequel, quand toutes les autres éventualités ne cadrent pas, celle qui reste, aussi improbable soit-elle, doit être la vérité.

Or toutes les autres hypothèses ne cadrent pas.

... Nous avançons, mais le but est encore loin.

... je me réserverai le rôle criminel. L'heure n'est pas aux bagatelles. ... Nous sommes tenus d'agir.

La démonstration est complète. ... Tout se confirme. Si de grands intérêts n'avaient pas été en jeu, l'affaire n'aurait été qu'insignifiante. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines.

Je pense que nous devrions ... conclure dignement une bonne journée de travail.

Pour l'Angleterre, pour la patrie, pour la beauté... Deux martyrs sur l'autel de la patrie.

La solution devrait être proche.

Cette fois, vous pouvez dire de moi que je suis un âne !

... je comprends la distribution des cartes, maintenant...

à propos de l'émeraude, épingle à cravate :

C'est le cadeau d'une certaine dame pour le compte de laquelle j'ai eu la chance de réussir une fois une petite affaire.

cette dernière phrase peut être mise en parallèle avec l'exhortation de Mycroft :

Dans toute ta carrière tu n'as jamais eu de meilleure chance de servir ton pays.

FIN DE CITATIONS.

 

  

Je me permettrai d'attirer votre attention de lecteur sur le respect de l'ordre chronologique de ces extraits. La bonne cohésion psychologique de cette enquête y transparaît, mais au delà de ce récit imaginez le parti que pourrait en tirer un plagiste pour construction toute autre intrigue s'apparentant de cette méthode d'investigation.

A propos de plagistes, une recherche minutieuse m'a permis de retrouver dans le détail les nombreuses imitations qu'ont inspirés les plans du Bruce-Partington, ainsi que les ouvrages, films et articles qui s'y réfèrent.

Me croirez-vous ? C'est une liste impressionnante que je me dois de vous communiquer.

C'est donc l'objet de cette deuxième partie.

Je vous serai reconnaissant de bien vouloir me faire connaître les documents que j'aurais oublié ou ignoré afin de compléter cette liste.

 

 

2ème partie

PLAGIATS ET PASTICHES

(à partir de l'épisode des plans du Bruce-Partington)

 

Dans la rubrique Littérature :

L'espion, le traitre, et le secrétaire (J de la Fontaine)

La Reine et les deux frères (Ch. Perrault)

White Sherlock et les sept plans (Grimm)

Les Misérables ! (V.H.)

Crime et Châtiment (D.)

Le Colonel repenti (H. de Balzac)

Perdu dans le brouillard (F. Kafka)

Perdu dans la brume (W. Herzog)

L'affaire de l'émeraude de la Reine (A. Dumas)

L'honneur perdu d'un secrétaire (H. Böll)

Pas de sang sur la voie (B. Stoker)

Pour l'honneur de l'Angleterre (P. Schoendorffer)

Le fiancé qui ne revenait pas (Harlequin)

Dans la rubrique Policiers :

Meurtre à Aldgate (A. Christie)

Le mort n'avait pas de ticket (Exbrayat)

Le mystère de Woolwich (E. Blyton)

Les sept plans de l'amiral (M. Leblanc)

Les frères Holmes mènent l'enquête (G. Simenon)

La surprise de Cadogan West (E.A. Poe)

La chute de la maison Walter (Cnel V. Walter)

Au service de sa Majesté (I. Fleming)

La disparition de mon épingle en émeraude (K. Georges V)

Dans la rubrique Bandes Dessinées :

Les sept plans du capitaine (Hergé)

Les sept plans du commandant (W. Vance)

Pas de ticket pour Sherlock Talon (Greg)

L'étrange disparition de Cadogan West (Jacobs)

Sherlou et le métro truqué (Nick et Cauvin)

Les belles histoires du docteur W. (Coeur Vaillant)

Perlomes et Watsou dans le métro (Fleurus)

Pipet et Melonette détectives ( Calvo)

Dans la rubrique Sciences

Le cas de l'homme aux trains (S. Freud)

L'inclinaison d'Aldgate (Boole)

Le point d'inflexion de la ligne C (J. Moriarty)

Monographie sur les mottets symphoniques de Lassus (S. Holmes)

Mémoires secrètes (H. Oberstein)

Archives Nationales Britanniques : Livre XXIII - Ch. XLVII (M. Holmes)

Courbes et virages du London Tube (anonyme)

Nuits et brouillard de Londres (collectif)

A l'ouest, mon catogan ? (A. Gillot-Pétré)

Dans la rubrique Cinéma et Téléfilms

La voie de la mort (T. Fisher av P. Cushing)

Le mort sur le toit (M. Drach)

La rame de la mort (R.W. Neill B.Rathbone)

A la poursuite du Bruce-Partington (avec S. Connery)

Fenêtre sur voie (A. Hitchcock)

Riffifi dans le métro (M. Audiard)

Et pour quelques plans de plus... (S. Leone)

Pierrot l'espion (Y. Boisset)

Les indiscrétions de Pierrot (J. Jaeckins)

Stéthoscope et Deerstalker : On a perdu un sous-marin (avec R. Moore et P. McNee)

A. L. contre H. S. : le dossier Oberstein (avec G. Descrières)

Rien que pour vos plans (Hamilton av T.Dalton)

Dans la rubrique Presse

S. H. démasque un espion (The Times)

Herr Oberstein arrêté : une méprise du détective anglais S. H. (Der Spiegel)

L'Angleterre a failli perdre la face (Washington Post)

S. H. sauve la Reine du déshonneur (Paris-Match)

Un mort bien embarrassant pour le gouvernement (Herald News)

Des remous dans la Marine Anglaise (Le Monde)

L'affaire Oberstein : Complications à l'ambassade de Londres (Die Welt)

Test comparatif : Les suspensions dans les transports urbains (Auto-Plus)

 

Jean-Paul Cabot

le 9 octobre 1995