Deux nouvelles de Sam Benady
traduites par Jean-Paul Cabot
La
lettre de Gibraltar
ou "La singulière
affaire du Duc de Connaught"
La lettre n'a jamais été
remise à Philippe bien que des rumeurs affirment qu'elle
soit parvenue à la Cour d'Espagne. Avant ce document, il
avait perdu patience et coupant court à toute diplomatie,
avait entrepris un nouveau siège de Gibraltar. Le roi avait
fait parvenir cette lettre au gouverneur du Rocher, le comte de
Portmore, pensant probablement qu'en cas de risque de défaite,
elle pourrait être, sinon un secours, au moins une alternative
non négligeable pour les défenseurs.
En l'occurrence, l'attaque espagnole échoua mais dans le
désordre du siège, la lettre fut rangée et
depuis, jamais retrouvée. Pensant qu'elle avait été
détruite et dans l'euphorie de la victoire, Philippe V n'osant
plus réiterer sa demande, le roi Georges a sans doute, trop
heureux, oublié son existence.
- Je parie que la lettre a réapparu, remarquai-je.
- Le Signor Ricoletti a épousé
une Espagnole, une femme encore pire que lui ! interrompit Conchita
avec passion. Elle avait l'habitude de garder des bébés
à Gibraltar, et plusieurs d'entre eux sont morts mystérieusement.
Les gens disent qu'elle leur a administré du laudanum pour
les rendre tranquilles, et qu'elle en a tant donné qu'ils en
sont morts. Personne n'a pu le prouver, mais elle a quitté
Gibraltar à ce moment.
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