Il nous restait une petite demi-heure avant de quitter Prague définitivement.
Ces trois jours de promenade dans le centre historique avaient eu raison des
jambes de mon épouse et de la patience de Vincent. Aussi je décidai
de les abandonner à la terrasse de ce café sur la Vieille Place
Staromestské de l'autre côté du beffroi de l'horloge astronomique.
En fait j'avais repéré l'avant-veille une vitrine luxueuse où
entre divers rateliers de pipes, des flasques habillées de velours ou
tissus écossais avaient retenu mon regard sans pourtant me convaincre
de m'y attarder.
Je connaissais la direction à prendre mais restait incertain quand à
la rue elle-même.
Je pris donc congé de ma famille et dépassant les deux noirs clochers
de ND de Tyn, je longeai la rue qui conduisait maîtresse vers la tour
Poudrière et musardai en direction des vitrines de part et d'autre de
l'artère, mon sac en bandoulière sous un soleil tenace.
Elle était là. Une large boutique à l'angle de deux rues. Dans un assortissement de tons verts et marrons, je retrouvai les pipes, tabatières et objets fumeurs, mais également la collection de flasques qui se distinguait tellement bien de celles métalliques banales et courantes que l'on trouve près du Pont Charles dans les boutiques russes.
Pressé par le délai que je m'étais imposé, je choisis
un flacon de 5 oz recouvert de cuir et tissu écossais et me dépêchai
d'enfouir dans ma sacoche l'objet emballé dans sa boîte et le sac
en plastique que m'avait fourni la vendeuse, accélérant mon allure
vers la Vieille Place où j'étais attendu.
Vingt-cinq minutes plus tard, l'autocar de touristes nous éloignait définitivement
de la coquette Prague et des merveilleuses demeures des Rois de Bohême.
Je dégageai mon flacon de son étui et pliai le sachet plastique
beige clair pour le ranger au fond de mon sac de voyage.
Le lendemain matin, lorsque je dépliai l'objet, au dessus des lettres
PRAHA du bas de l'image imprimée, je déroulai de hautes et longues
lettres encadrant de droite et de gauche un camé ovale au centre duquel
une silhouette familière me narguait.
J'écarquillai mes yeux et pensai tout fort qu'il existe sûrement
une providence pour les touristes holmésiens :
Le nom du rare magasin de Prague dans lequel j'avais été inspiré
pour un achat personnel s'appelait :
BAKER STREET
Vous pourrez toujours le retrouver au 38 Celetnà en partant de la Vieille
Place vers la Tour Poudrière. Il sera à votre droite. Et son téléphone
est aussi facile à retenir :
0 221 813 274 (heu... 613)
Jean-Paul CABOT
Le 12 juillet 2001